Sortir Voyages & Loisirs 11 minutes Ă lire PubliĂ© le 07/07/17 mis Ă jour le 15/07/22 Partager Kadour Ziani accrochĂ© au panier, en Caterpillar. telerama Des playgrounds de Saint-Dizier Ă la Slam Nation, retour sur le parcours cabossĂ© d'une lĂ©gende du basket de rue made in France, parrain du tournoi du Quai 54. Ce samedi 19 fĂ©vrier, le documentaire âDunk or Dieâ, diffusĂ© sur Canal+, lui est consacrĂ©. Juillet 2017, la pelouse de Reuilly Ă Paris accueille le concours de dunks du Quai 54, lâĂ©preuve la plus spectaculaire du tournoi international de streeball oĂč sâaffrontent des voltigeurs tels que lâUkrainien Rafal Lipek et le Canadien Justin Darlington, dont les prouesses aĂ©riennes cumulent des millions de vues sur YouTube. En jeu, le titre officieux de meilleur dunkeur du monde ». Au bord du terrain, Kadour Ziani supervisera la compĂ©tition comme chaque annĂ©e, avec son tempĂ©rament de feu. Du haut de son minuscule » mĂštre soixante-dix-huit, une taille modeste pour un basketteur, le parrain du Slam Dunk Contest » ne cesse de gesticuler et de lever le poing au ciel aprĂšs chaque figure rĂ©ussie, haranguant la foule. Le king de Saint-Dizier Le dunk â action qui consiste Ă claquer le ballon dans le panier aprĂšs un saut â câest lâarme fatale du basket-ball, une dĂ©charge dâadrĂ©naline qui permet de prendre lâascendant psychologique sur lâadversaire et de galvaniser le public. Certains joueurs y ont apportĂ© une dimension esthĂ©tique, Ă©levant la discipline au rang dâart. Kadour Ziani fait partie de ceux-lĂ . Pendant 20 ans, ce pionnier du smash made in France a portĂ© le basket de rue. Flashback sur les temps forts de la carriĂšre d'un Ă©corchĂ© vif que rien ne prĂ©destinait Ă devenir une lĂ©gende du sport urbain, et qui continue d'inspirer les dunkeurs du monde entier. Qui a cassĂ© le panier de basket ? © Collection Kadour Ziani L'histoire commence au milieu des annĂ©es 1980, dans la citĂ© du Vert-Bois, Ă Saint-Dizier, petite ville grisonnante du Grand Est en proie au dĂ©clin industriel, dont les voisins nancĂ©iens se moquent gentiment en rappelant qu'elle se situe dans la diagonale du vide⊠Au quartier », Kadour Ziani et sa bande de copains rĂȘvent d'abord de ballon rond. Gardien de but depuis l'Ăąge de 9 ans, le jeune franco-algĂ©rien fait parler de lui au niveau rĂ©gional dans les catĂ©gories de jeunes. Portier au format de poche, il stoppe les frappes des attaquants Ă des hauteurs vertigineuses. Cette premiĂšre passion le conduira plus tard jusqu'en CFA â quatriĂšme division nationale â sous les ordres d'un certain Sasha Zavarov, ex-coĂ©quipier de Michel Platini Ă la Juventus de Turin. SurdouĂ© en sport, Ziani traverse une zone de turbulences en dehors des terrains. Comme plein de gamins de son Ăąge, le Champenois veut attirer lâattention, pas toujours de la meilleure façon, en flirtant avec la dĂ©linquance⊠Impulsif, sauvage, mais attachant, le bragard est Ă deux doigts de sombrer dans un quotidien qui ressemble Ă un clip de Mobb Deep. Issu d'une fratrie de 13 enfants, Ă©levĂ© par sa grande sĆur Moktaria qui Ă©paule une maman dĂ©bordĂ©e, Ziani souffre de l'absence du paternel, trĂšs occupĂ© par son travail, et d'une famille tiraillĂ©e entre la France et l'AlgĂ©rie. Dunks quand les basketteurs français prennent de l'altitude 4 minutes Ă lire La rĂ©vĂ©lation intervient en 1989, quand son ami Dadou fait dĂ©couvrir Ă Ziani les stars de la NBA via les cassettes VHS et les magazines. Le coup de foudre est immĂ©diat. A cette Ă©poque, le basket amĂ©ricain nâest pas diffusĂ© sur les chaĂźnes françaises sauf Canal+, Ă de rares occasions et au format payant. En France, le dunk que lâon appelle encore smash, nâen est quâĂ ses balbutiements, y compris chez les pros oĂč seuls HervĂ© Dubuisson et Richard Dacoury pratiquent » rĂ©guliĂšrement en match. Il faut tout inventer. 360 degrĂ©s par-dessus trois joueurs. Nâessayez-pas de faire ça chez vous. © Collection Kadour Ziani A 15 ans, Kadour Ziani a dĂ©jĂ un caractĂšre bien trempĂ©. Il n'a pas les moyens de se payer une tenue digne de ce nom mais veut reproduire les exploits de son idole Michael Jordan, et peu importe si la superstar des Chicago Bulls culmine Ă presque 2 mĂštres. Pour sâentraĂźner, le playground au pied de lâimmeuble fera lâaffaire. Le streetball, c'est le basket en libertĂ©, pas besoin de prendre de licence et de payer pour jouer en club. Tu t'entraines quand tu veux. Kadour avait beaucoup de rage Ă Ă©vacuer. Le dunk a agit comme une thĂ©rapie, pour canaliser son Ă©nergie Ă un moment oĂč il aurait pu mal tourner. Câest une revanche sur la vie de pouvoir sauter aussi haut », explique le rĂ©alisateur Nicolas de Virieu, auteur de plusieurs documentaires sur lâhomme volant de Saint-Dizier. Le fougueux basketteur va travailler nuit et jour sa technique , puncher » le cuir dans le cercle, crĂ©er ses propres figures⊠allant jusquâĂ faire crĂąmer des poubelles » afin dâĂ©clairer le panier. Pour Kadour Ziani, c'est l'esprit de la rue. Le dunk, comme le street art, n'est pas condamnĂ© Ă ĂȘtre enfermĂ© entre quatre murs, dans les galeries. Quand il peut sâĂ©lever dans les airs, l'homme prend conscience qu'il n'y a plus de barriĂšres ». Comme si le dunk Ă©tait la sixiĂšme discipline du hip-hop. Lâadolescent devient vite le king des rues de Saint-Dizier. Rasta rockett Au lendemain des JO de Barcelone, le nombre de pratiquants de la balle orange a explosĂ© en France grĂące Ă lâeffet Dream Team ». Les principaux Ă©quipementiers Adidas, Reebok⊠organisent des tournois de streetball dans tout lâHexagone. Moustapha Sonko, pur produit des playgrounds franciliens, crĂšve l'Ă©cran Ă Sceaux, en Pro B. Consciente du phĂ©nomĂšne, Canal+ retransmet dĂ©sormais en direct les finales NBA. âDunker pour ne pas mourirâ le destin poignant de Kadour Ziani, pionnier du basket de rue En 1994, pour son dixiĂšme anniversaire, la chaĂźne cryptĂ©e programme une Ă©mission spĂ©ciale basket au Zenith de Paris. Kadour Ziani a qualifiĂ© son Ă©quipe en finale du France Basket Tour et dispute la rencontre devant les camĂ©ras. Kareem Abdul-Jabbar, lâĂ©ternel pivot cinĂ©phile des Los Angeles Lakers, a fait le dĂ©placement. Sans complexe, Ziani sâest pointĂ© Ă la Porte de Pantin avec un look de rasta, comme on assiste Ă un concert des Gladiators. A la fin du match, avec ses dreadlocks, son short de volley-ball et ses chaussures trouĂ©es, il apostrophe George Eddy, la voix du basket » amĂ©ricain Ă la tĂ©lĂ©. La terreur des playgrounds veut prouver quâil dunke depuis la ligne des lancers francs, situĂ©e Ă presque 6 mĂštres de lâarceau. Il y a moins de dix personnes sur cette planĂšte capables de rĂ©aliser cette performance, dont Julius Erving et Michael Jordan. Mais le jeune homme a de la nitroglycĂ©rine dans les jambes. PropulsĂ© par sa dĂ©tente prodigieuse â mesurĂ©e Ă 1,45 m aprĂšs appel sur un pied ! â il plante ce tomar » verlan de marteau, synonyme de dunk ponctuĂ© dâun cri bestial. Heureusement, Eddy avait demandĂ© Ă son camĂ©raman de filmer. YouTube n'existe pas encore, mais les images seront vues par plusieurs millions de tĂ©lĂ©spectateurs. La lĂ©gende est en marche. Orchies dĂ©couvre Zianimal Deux ans plus tard, lâex-basketteur JĂ©rĂ©my Medjana organise un concours de dunks Ă Orchies, dans le dĂ©partement du Nord. Lâactuel agent de plusieurs joueurs français en NBA Rudy Gobert, Nicolas Batum⊠rĂ©unit les meilleurs athlĂštes français. Ce jour-lĂ , Kadour Ziani dĂ©voile un rĂ©pertoire hallucinant 360 degrĂ©s tour complet en l'air par dessus plusieurs personnes, double moulin Ă vent, claquette aprĂšs rebond sur la planche⊠Clou du spectacle un coup de pied façon kung fu pour dĂ©crocher le ballon coincĂ© derriĂšre le cercle ! Les concurrents, estomaquĂ©s, dĂ©couvrent le petit bonhomme bondissant et charismatique, un showman qui exĂ©cute des figures Ă haut risque, sans calculer. A Orchies, Kadour Ziani dunke au dessus de JĂ©rĂ©my Medjana. © Collection Kadour Ziani Abdoul Bamba, crĂ©ateur de la mythique rondade dunk, Ă©tait prĂ©sent On avait peur qu'il se prenne le panier en pleine face. Mais il ne doute jamais, câest une force chez lui. Pour quelqu'un de sa taille, il a un potentiel hors norme. C'est l'une des seules personnes au monde Ă convertir sa vitesse en dĂ©tente ». A lâentraĂźnement, celui que lâon surnomme dĂ©sormais Zianimal » ou Dunkmaster » sâĂ©tire jusquâĂ 4 heures par jour. Au pic de sa forme, il acquiert la souplesse dâun danseur de ballet. Un jour, le club d'athlĂ©tisme de Saint-Dizier lui demande de remplacer un blessĂ©. En dilettante, Ziani passe 2,18 m au saut en hauteur, ce qui le situe parmi les meilleurs Français ! AprĂšs la compĂ©tition d'Orchies, Medjana a une idĂ©e folle crĂ©er un collectif de smasheurs, comme une compagnie dâacrobates. La Slam Nation Ă©tait nĂ©e. Câest le dĂ©but dâune formidable aventure. Slam Nation, les Harlem Globetrotters du dunk Avec son acolyte Bouna Ndiaye, JĂ©rĂ©my Medjana convoque la crĂšme de la crĂšme suite Ă une nouvelle exhibition au pied de la tour Eiffel Abdoul Bamba, Salomon Sami, Nasser Soule, Gilles Trilly, Michael Hariri et bien-sĂ»r le kamikaze Kadour Ziani. Le premier show a lieu le 31 mars 1997 Ă Tourcoing. En rodage, le squad » se produit notamment Ă la mi-temps des matchs de championnat de France de basket Pro A, frĂ©quemment diffusĂ©s par France TV. Le public en redemande et les mĂ©dias locaux ne tardent pas Ă relayer les exploits de la trĂšs spectaculaire Slam Nation. LâĂ©mission Nulle Part Ailleurs leur consacre un sujet Ă une heure de grande Ă©coute. Lâonde de choc sâĂ©tend Ă tout le pays et va mĂȘme traverser lâAtlantique. Au pays du basket, il se murmure qu' une Ă©cole du dunk Ă la française peut challenger les pros amĂ©ricains, Vince Carter en tĂȘte. Qui sont ces frenchies qui rĂ©inventent une culture de rue 100% yankee, Ă la façon du graffiti et du rap ? En 1999, câest la consĂ©cration, la Slam Nation sâenvole pour une tournĂ©e de trois dates aux Etats-Unis Ă Seattle, New Jersey et Chicago, au United Center, théùtre des exploits de Michael Jordan. Avec cette notoriĂ©tĂ© fulgurante, quelques rivalitĂ©s rythment » la vie de groupe. Parfois, le ton monte. Mais Abdoul Bamba, lâaĂźnĂ© de la troupe, sait trouver les mots justes pour transformer l'animalitĂ© de Ziani en Ă©nergie positive. 400 shows Ă travers le monde 2003, annĂ©e charniĂšre. Tony Parker, nouvelle Ă©toile du basket français, invite la Slam Nation pour son camp dâĂ©tĂ© Ă la DĂ©fense. Une nouvelle fois, Ziani Ă©pate la galerie avec un 360 cobra » le ballon coincĂ© dans le poignet, une crĂ©ation qui repousse les limites du dunk. Dans les gradins, les joueurs NBA prĂ©sents se prennent la tĂȘte Ă deux mains. En parallĂšle, la Slam Nation entame un tour du monde qui va la conduire sur quatre continents en moins d'une dĂ©cennie, des Philippines Ă la Russie, en passant par la Guyane, la Roumanie, l'Italie⊠Bien que rĂ©munĂ©rĂ©s autour de 150 euros par show, les dunkeurs gardent la tĂȘte froide. La philosophie de Kadour Ziani est limpide Dunk or die, comme si chaque saut Ă©tait le dernier. Ready to fly ? © Collection Kadour Ziani Abdoul Bamba se souvient d'un Ă©pisode particuliĂšrement mouvementĂ© Ă TaĂŻwan. Kadour avait une entaille de deux centimĂštres sur un doigt de sa main droite. Les points de sutures Ă©taient obligatoires. ArrivĂ© au bloc, le mĂ©decin prĂ©conise une anesthĂ©sie. Kadour a mal mais il refuse ! Il s'est fait recoudre le doigt Ă vif. On avait une session 24 heures aprĂšs. Tout le monde pensait qu'il allait dĂ©clarer forfait⊠Dans la nuit, il s'est fabriquĂ© une attelle avec un bout de mĂ©tal. Le lendemain, il Ă©tait sur le terrain, prĂȘt Ă jouer. Je lui ai dit qu'il Ă©tait inconscient. Il m'a rĂ©pondu que âl'amour du smash Ă©tait trop fort et que le public avait payĂ© sa placeâ ». A la fin des annĂ©es 2000, aprĂšs plus de 400 reprĂ©sentations dans 27 pays et des dizaines de milliers de spectateurs conquis, ces activistes du dunk sont au crĂ©puscule de leur carriĂšre et souhaitent lĂ©gitimement se consacrer Ă leurs affaires personnelles. Le collectif se sĂ©pare d'un commun accord. Quai 54 qui est le boss ? Sans s'Ă©loigner du bitume, Ziani rĂȘve que le dunk devienne une discipline olympique aprĂšs tout, le skateboard sera intronisĂ© en 2020 et s'est lancĂ© dans une quĂȘte spirituelle. Il veut prolonger son hĂ©ritage en aidant la nouvelle gĂ©nĂ©ration et se mue progressivement en mentor, obsĂ©dĂ© par la transmission. ImpliquĂ© dans le Quai 54, il repĂšre les jeunes talents Guy Dupuy, Rafal Lipek⊠pour les prĂ©parer psychologiquement et physiquement au concours. FidĂšle Ă ses convictions, Zianimal avoue ne pas ĂȘtre fan de The Dunk King, l'Ă©mission de la chaĂźne amĂ©ricaine TNT qui prĂ©tend Ă©lire le roi du dunk ». Il se veut le garant de l'Ă©preuve du Quai 54. Il s'agit d'un concours authentique, c'est tout sauf du marketing et j'essaye de prĂ©server cet endroit vierge. On invite les meilleurs dunkeurs pour qu'ils rĂšglent leurs comptes, Ă la rĂ©guliĂšre, sans price money. Ils doivent dĂ©montrer que ce sont des extra-terrestres, sans l'aide de YouTube. Le dunk est un moyen de dire aux jeunes âcroyez en vousâ ». N'allez surtout pas croire qu'Ă 43 ans, Kadour Ziani se repose. En juin dernier, en plein ramadan, un proche nous a confirmĂ© qu'il avait dunkĂ© pieds nus sur un playground de Saint Dizier, sans Ă©chauffement. Dunk or die. Kadour Ziani, en famille. © Collection Kadour Ziani Dans les coulisses du Quai 54, tournoi international de streetball 3 minutes read streetball Basket-ball Partager Contribuer Postez votre avis Pour soutenir le travail de toute une rĂ©daction, abonnez-vous Pourquoi voyez-vous ce message ? Vous avez choisi de ne pas accepter le dĂ©pĂŽt de "cookies" sur votre navigateur, qui permettent notamment d'afficher de la publicitĂ© personnalisĂ©e. Nous respectons votre choix, et nous y veillerons. 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